A l'attention de M. Aumaître.
Objet : observations et suggestions suite à la visite des mares à tritons de Saulxures-lès-Nancy le 08/05/04.
Monsieur,
Je tenais tout d’abord à vous féliciter pour votre travail qui, en tant qu'observateur régulier des mares de Saulxures, m’a particulièrement impressionné. Habitant de Saulxures (à proximité du pré aux mares) et membre de l'association pour l'écologie et le développement durable "Les Amis de la Terre", je me permets ici de vous faire parvenir mes observations et suggestions, suite à ma visite du site le 08/05/04. La survie des espèces de tritons indigènes me tenant particulièrement à cœur, mon désir est, vous l'aurez compris, de leur apporter la meilleure protection possible. Par ailleurs, j'ai suivi le dossier de construction du 4ème tronçon de la liaison A330 - RD2 bis - RN74 depuis son début.
- En observant les mares sans équipement spécifique, je n'ai constaté la présence de tritons que dans une mare. J'ai pu observer quelques instants un triton ponctué semble-t-il, et de nombreux têtards dans une des nouvelles mares située vers le nord-est, et qui est équipée d'un fagot de bois pour l'hivernage des tritons.
- Un canard sauvage et un héron ont été aperçus dans une mare, des grenouilles observées dans la quasi-totalité des mares.
- Les fils de fer barbelés disposés autour des nouvelles mares semblent parfois très distendus (voir photo n°1 ci-dessous).
- Les fagots de bois disposés auprès de certaines mares pour l'hivernage des tritons ont été partiellement détruits (voir photos n°1 et n°2 ci-dessous). Il est possible que cette dégradation soit due à la curiosité du bétail remis dans le parc depuis peu.
- En déplaçant avec précaution quelques-uns des galets disposés autour de buses le long de la piste cyclable, aucun triton n'a été observé (mais cela ne signifie pas que ces installations ne sont pas du tout utilisées par les tritons pour leur hivernage).
- L'année dernière, il avait été constaté une dispersion de ces galets par de jeunes promeneurs, par jeux. Des galets avaient été jetés dans le pré et dans les mares, et je n'espère pas directement sur des animaux (chevaux, bovins, grenouilles). En ce mois de mai, ces petits méfaits ne semblent pas avoir été reproduits, mais il est vrai que nous ne sommes qu'en début de la saison des promenades, et que peu de gens ont encore circulé sur la piste cette année.
- Certaines mares semblent trop petites pour conserver l'eau en été, à la période où celle-ci est pourtant vitale pour la reproduction des tritons. Ce phénomène a d'ailleurs pu être observé pendant déjà deux étés.
- La contenance d'une ancienne mare (voir photo n°3) située proche de la piste cyclable pourrait facilement être augmentée en bouchant le léger dénivelé situé en direction de la pente du terrain, et qui permet l'écoulement de l'eau. Si cette mare contenait plus d'eau, elle aurait de meilleures capacités pour passer l'été sans être asséchée.
- La végétation aquatique et semi-aquatique s'installe de mieux en mieux dans les nouvelles mares.
Photo n°1 :

Photo n°2 :

Photo n°3 :

Propositions :
Je vous fais part ici de quelques idées, sans prétention, et auxquelles vous avez peut-être déjà songé, mais si ce n'est le cas, que, j'espère, vous accueillerez positivement.
- Retendre les fils de fer barbelés qui le nécessitent.
- Reconstruire les fagots de bois dispersés, mais en leur donnant un plus gros volume, et, pour éviter une future destruction, en maintenant les bûches avec des liens métalliques. Je vous suggère le procédé suivant : disposer au sol pour commencer au moins deux niveaux de grosses pierres là où le fagot sera installé, positionner en travers deux grands fils de fer d'environ 3 ou 4 mètres, installer le fagot de bois, refermer les fils de fer sur le fagot, et les nouer.
- Disposer d'autres fagots de bois avec la méthode proposée sur l'ensemble des mares.
- Rajouter des pierres sur les tas de galets autour des buses, et disposer par dessus de gros blocs de béton ou de pierre qu'il sera impossible de déplacer à la main, même à plusieurs. L'objectif étant d'empêcher la future destruction des tas de pierre autour des buses par les promeneurs, de protéger les tritons hivernants, et de prévenir tout jet de galets vers les animaux.
- Recreuser et agrandir au prochain hiver, si cela vous est possible, les mares les plus petites.
- Continuer la plantation de buissons là où il n'y en a pas encore, le long de la piste cyclable, pour empêcher l'accès au pré pour les passants, et pour protéger et maintenir les tas de galets.
- Combler le dénivelé qui empêche une des ancienne mares d'accroître sa capacité de stockage en eau.
- Comme le prélèvement de tritons par les canards et les hérons a sans doute un impact important aux vues de la faible population de tritons restante (les canards fouillent la vase avec leurs becs à la recherche de nourriture), nous pourrions disposer au fond de certaines des nouvelles mares des buses béton diamètre 150 environ, qui apporteraient un abri salutaire contre les becs gloutons sondants la vase.
Enfin, si vous le voulez bien, pourriez vous me faire parvenir un plan à jour du site sur lequel chaque mare serait numérotée ? Ce document nous permettra par la suite d'échanger plus facilement des informations précises sur l'état du site.
Voilà, j'espère que ces quelques idées pourront vous servir afin que le site soit le plus propice possible à la préservation des tritons.
D'autre part, je souhaitais vous communiquer une autre suggestion, sans lien direct avec les tritons. J'ai remarqué que le merlon entre la piste cyclable et la route est seulement enherbé. La plantation d'arbres pourrait améliorer l'agrément des promeneurs, et pourrait permettre d'atténuer encore la propagation des bruits de la circulation routière. Si une bonne diversité d'arbres était plantée, dont quelques arbres fruitiers et noyers, je suppose que l'attrait de cette belle piste serait encore renforcé ! Nous pourrions également profiter de cet espace pour l'éducation, en positionnant des panonceaux avec les noms et origines de certains des arbres. Qu'en pensez-vous ?
Suite et fin non publiées.